En juin 2020, nous sommes rentrés en France pour les vacances. Un mois après, l’employeur de Benoit demandait à tous les expats de Pune de rentrer dans leur pays d’origine. Nous sommes restés 8 mois en France avant d’avoir le feu vert pour rentrer en Inde : un voyage retour long ou un long voyage retour, avec un bébé de 16 mois.
Jeudi 18 février, nous nous réveillons vers 7h heure française. J’ai même eu le temps de prendre ma douche pendant que Poupette faisait sa grâce mat jusqu’à 8h. Cela faisait des mois qu’elle n’avait pas dormi aussi tard.
A 9h30 pétante, voiture chargée, mon père nous emmène à l’aéroport de Roissy CDG, Poupette chantonne dans la voiture.
A 10h30 nous enregistrons nos 4 gros bagages en soute. Poupette panique quand elle voit nos valises partir sur le tapis roulant.
Tous les terminaux de Roissy ne sont pas ouverts. Autant vous dire que nous n’étions pas seuls au terminal 2E. Nous faisons la queue pour le contrôle de police. Poupette ne s’est pas endormie dans sa poussette, trop de distraction. Devant nous, un Ivoirien (ou d’origine ivoirienne) sort tous les arguments possibles afin de justifier son motif impérieux de retourner voir sa mère au pays. L’agent finit par le laisser passer avec un commentaire fin à son collègue « il m’a saoulé ». Nous avons la lettre de l’employeur de Benoit, nous passons sans encombre.
Au contrôle des sacs, l’attente est plus longue. Aucune distanciation physique. Nous sommes légèrement chargés et c’est long de sortir tous ce qui doit sortir des sacs. Je pose le petit chien en peluche auquel s’agrippait Poupette, et c’est le drame. Je passe le portique avec elle pendant que Benoit gère nos sacs/poussette. On cherche le chien, mais le bac dans lequel il est, part à la fouille. Poupette est inconsolable. L’agent que j’ai interpellé quelques minutes avant et qui m’avait ignorée, finit par nous remarquer et nous rend notre bac sans fouille. Poupette est rassurée.
Nous achetons un petit dej, le mangeons, passons aux toilettes, changeons la couche de Poupette-chou et il est déjà 12h25, l’heure d’embarquer. Nous devons donner certains documents que beaucoup de passager n’avait pas anticipé. L’avion était rempli à moins de 20% mais l’embarquement a pris beaucoup de temps administratif!
Dans l’avion, c’est la joie pour Poupette. Passée la frustration d’être attachée pour le décollage, elle se promène librement dans les allées, joue avec la mini trousse de toilette bébé Air France, ou à se cacher derrière le mur du couloir. Les Indiens s’amusent avec elle, claquent des doigts, lui font « coucou » avec les mains, lui sourient. Au top. Sauf que ce vol dure 8h. De 13h20 à 21h20 heure française. Et Poupette ne veut pas dormir. Ni nous laisser regarder un film. La cabine est plongée dans le noir, de nombreux passager dorment, mais pas Poupette. En fin de vol, Benoit, mon héros, réussit à l’endormir, une sieste de 35 minutes tout juste. Personnellement, je suis assez stressée par le fait qu’elle manque de sommeil, et en plus, le seul film que j’ai regardé n’était absolument pas de mon goût : absurde et ennuyeux. Nous atterrissons déjà fatigués, mais si on met de côté le fait qu’elle n’ait pas dormi, Poupette a été plutôt cool pendant le vol.
Nous débarquons à l’aéroport de Mumbai, 21h30 heure française / 2h du matin en heure locale. Poupette dans sa poussette, stone mais éveillée. Il n’y a pas grand monde au passage de la douane, mais nous ne comprenons pas pourquoi, cela nous semble long, et effectivement, lorsque nous passons, nous sommes les derniers dans ce grand hall.
De fait, nous n’avons pas attendu nos bagages, ils tournaient tranquillement sur le tapis roulant. Deux d’entre eux sont marqués d’une croix blanche. Cela signifie normalement qu’ils doivent être fouillés. On se met dans la queue pour passer les scanners de bagages. C’est long. Poupette ne s’endort pas. On est encore dans les derniers à passer les scanners. Personne ne fouille nos bagages, tout va bien.
Et là, nous rejoignons le bordel. Il y a un tas de gens, de différents avions qui attendent. C’est la « queue » ou le « tas » pour la gestion des quarantaines. Des bus emmènent les passagers dans les hôtels de quarantaine. Organisation indienne : c’est le bordel mais ça fonctionne. Un homme crie quelque chose, je m’approche avec Poupette qui pleure dans la poussette : la queue pour ceux qui vont dans le Maharashtra (hors Mumbai) c’est par la bas. On change donc de tas d’attente. Il y a des Indiens qui attendent de partout avec des bagages, parfois sur le côté, parfois dans une queue. Poupette pleure par intermittence, il fait chaud et humide dans ce hall. Ma montre m’indique que mon niveau de stress est élevé. Pour info, notre demande préalable d’exemption de quarantaine à l’hôtel à été refusée 3 fois. Et là, un petit miracle indien : un homme vient nous voir, il nous fait passer sur le côté pour nous amener près d’une table où un agent est assis pour valider les demande de « home quarantine », quarantaine à la maison. Tout le monde se double en lui mettant les papiers sous le nez. Le plus insistant passe en premier. Après 10 minutes d’attente, je finis par m’approcher de la table avec la poussette et Poupette qui pleure, et je supplie « please let us ». Ca marche, l’agent nous tamponne nos papiers et nos mains « Home Quarantine » yes ! Notre sauveur nous demande un petit billet et puis nous partons vers le parking.
Là, il y a à nouveau une queue pour les home quarantine : des bus emmènent les passagers directement chez eux, s’ils n’ont pas de voiture privée. Bien inspirée, je fais comme les Indiens osés, je double toute la queue pour me mettre sur une deuxième queue avec un petit groupe de 6 personnes. L’agent qui régule le passage nous demande de retourner dans la queue. Je le regarde en souriant, les yeux suppliants, je lui montre Poupette complètement amorphe mais éveillée, « please », OK ça passe. Notre chauffeur nous fait des signes au loin, on passe, cela fait plus de 2h que nous sommes sortis de l’avion, direction la voiture !
Dernière étape de notre périple, de plus de 3h30 de route de nuit pour rentrer à Pune. Au bout d’une heure, Poupette s’endort enfin, jusqu’à l’arrivée. Notre chauffeur assure la route, en mode pilote, malgré les bouchons de camion dans les Gats (des montagnes). Je somnole un peu, et Benoit surveille que notre chauffeur ne s’assoupisse pas.
A 8h du matin nous arrivons chez nous. Il est 3h30 du matin en France. Après le petit dej, nous sombrons tous pour une bonne sieste, jusqu’au déjeuner. Poupette est comme un poisson dans l’eau dans l’appartement. Peut-être qu’inconsciemment elle reconnait, elle avait 9 mois quand on est parti. Nous reprenons petit à petit nos marques, un peu zombies tout de même. Le soir arrive et un nouveau challenge que nous n’avions pas anticipé se profile : le jet lag d’un bébé de 16 mois.
Bonne arrivée!