Nous sommes arrivés en Inde au début de mon deuxième trimestre de grossesse. L’intégration à notre nouvelle vie est une aventure en soi, et vivre sa grossesse et l’arrivée d’un bébé est l’aventure dans l’aventure…
Accoucher en Inde ou en France ? Telle est la question. D’un point de vue personnel, accoucher en Inde permet à Benoit d’être à mes côté pendant les dernières semaines, l’accouchement et les premières semaines avec bébé, c’était notre priorité. A condition se sentir rassurés par le système médical local.
Nous avons visité 2 hôpitaux privés lors de notre journée découverte de Pune avec l’agence de relocation. Ces hôpitaux étaient bien évidemment sur la liste des recommandation de l’employeur de Benoit. Nous avons pré-choisi le CAH à Kharadi car il est proche du quartier où nous vivons, Magarpatta, proche du travail de Benoit, plutôt propre et moderne, et à taille humaine. Le critère temps de trajet est essentiel dans une ville où le traffic peut vite devenir un enfer.
Ensuite, je n’ai pas hésité à poser des questions sur les différents groupes WhatsApp ; « Quel hôpital choisir? »; « Quelle gynécologue recommandez-vous? »; « Est-ce raisonnable d’accoucher à Pune? »… Il n’y a pas de sotte question, et surtout il y a eu de nombreux conseils éclairés. Personne ne me jugerai de préférer accoucher en France, je fais comme je le sens. Plusieurs femmes m’ont recommandé le CAH, et plusieurs m’ont recommandé une certaine Docteur NM mais qui ne consulte pas au CAH.
Et là, coup de chance, lorsque nous avons appelé le CAH pour fixer la première consultation, ils nous ont de suite proposé le Dr NM, qui consulte depuis ce mois-ci au CAH!
La première consultation a été pleine de surprise : tout d’abord je me suis enregistrée en nouvelle patiente à l’accueil de l’hôpital. Ils faut savoir qu’en règle général les Indiens ne font pas de file d’attente, si le comptoir est large ils se mettent de tous les côtés, collés à toi, dans l’espoir de te doubler, peut importe que tu sois enceinte ou pas. Il faut savoir s’imposer et jouer des coudes et d’autorité.
Ensuite, on passe en caisse avant toute consultation ou tout acte médical (prise de sang, échographie…). Au CAH, les infirmières, souvent appelées « sisters », ont un comptoir dans la salle d’attente, et prenne tension et poids, à côté du comptoir, au milieu de tout le monde. Ensuite on attend d’être appelé pour la consultation.
Nous entrons donc dans la mini salle de consultation du Dr NM; elle est accompagnée de la jeune Dr P et d’une sister. Dr NM a déjà accouché des expatriées et elle anticipe les questions que nous avons à poser. Elle est rassurante, sereine, sûre d’elle. Ici, c’est le gynécologue qui te suit qui t’accouche. C’est la première consultation donc elle prend le temps, mais par la suite, les consultations dureront entre 5 et 10 minutes à peine.
En guise d’examen, elle écoute le cœur du bébé 5 secondes avec une petite sonde, puis tâte le ventre et conclut par « I am very happy sweety ». Elle ne pratiquera jamais d’autres examens tout au long de la grossesse.
Pour l’échographie, nous sommes allés dans un cabinet privé à l’autre bout de la ville avec une machine de qualité. Nous payons la prestation avant. J’entre seule dans la salle d’examen. Le Docteur passe 15/20 minutes en silence, à faire son bilan approfondi, je ne vois pas son écran, et finit par « it looks good ». Puis elle fait entrer Benoit dans la salle, tourne l’écran vers nous, et nous montre le bébé. Elle nous montre tout sauf le sexe!
En effet, en Inde c’est illégal de demander ou dire le sexe du bébé. C’est passible d’amende et d’emprisonnement. Il y a des pancartes partout au mur pour le rappeler, et à l’entrée, j’ai signé une déclaration comme quoi j’étais informée de cela. Ceci est une mesure de précaution pour éviter les avortements des bébés filles, car entre autre une fille est une charge pour la famille (il faut rassembler une dot pour la marier…).
Lorsque j’ai demandé au Dr NM de faire la prise de sang pour le suivi de la toxoplasmose, car je ne suis pas immunisée, elle a ri car ce n’est pas suivi ici. De même le process propose certaines vaccinations pendant la grossesse que j’ai refusées.
En terme de préparation à l’accouchement, c’est la physiothérapeute de l’hôpital qui s’en charge. Elle se charge aussi des inscriptions pour les séjours maternité. Il n’y a pas de sage-femme telle que nous les connaissons en France. J’ai assisté à une session : la partie théorique était correcte mais ensuite il y a une partie pratique d’exercices de remise en forme pour femme enceinte à laquelle je n’ai pas accrochée, je suis donc partie avant la fin.
Ma préparation à l’accouchement a été très autodidacte, lecture des livres de Bernadette de Gasquet « Bien être et maternité » (très complet et détaillé) et « Mon cours de préparation à l’accouchement » (qui est un résumé du premier), visionnage des replays de La Maison des Maternelles sur Youtube, et quelques échanges avec les copines d’ici, sachant que ces échanges pouvaient s’avérer également flippants. Durant ce deuxième trimestre, je n’ai pas trouvé de prof de yoga prénatal, mais j’ai pu mettre au point un petit enchaînement grâce aux vidéos de l’appli grossesse de Doctissimo, que j’ai pratiqué 3 à 5 fois par semaine.
A la fin de ce deuxième trimestre, notre décision était globalement prise d’accoucher au CAH de Pune, mais j’ai quand même pris un billet modifiable pour les vacances en France, on ne sait jamais…